Nus / Naked - Expo

Modèle dedans / modèle devant

J’ai découvert le dessin d’après modèle vivant à l’école. Très vite, j’ai souhaité passer de l’autre côté de la barrière, après la rencontre d’une femme modèle, lors de mes études d’art

Longtemps modèle vivant, je me suis demandée ce qui me poussait à le faire. Je crois que en cette incroyable capacité à placer son intimité ailleurs que dans le corps, mais surtout, à offrir autre chose avec lui. J’ai toute confiance en ce qu’il dégage et je ne cherche pas à maîtriser le message qu’il tente de transmettre. En tant qu’artiste, je le capte et le véhicule.

J’admire et je tente d’incarner également, cette capacité à offrir à voir sans se formaliser. Lorsque je pose, j’offre à voir, mais quand je représente, j’offre à voir, sans barrière.

On ne livre pas comme on l’imagine, ce que ce que l’on souhaite offrir au monde. Ce qui est livré nous dépasse et doit être librement réceptionné par l’artiste ou par le public.

Ce lâcher prise est une grande force de confiance réciproque. Comme j’ai confiance en les artistes, j’ai confiance en mon public.

Cet espace d’atelier ou l’artiste et le modèle se rencontrent, cet espace dans lequel les deux partis se meuvent artistiquement dans la réciprocité, m’ont inspiré car cette confiance-là est elle-même un prétexte à créer.

Notre rapport au corps..

Quel est notre rapport au corps, quel est notre représentation de la nudité et de ce à quoi il nous renvoie ? Pour moi, il n’est que prétexte à créer, prétexte à aller au delà de lui-même pour exprimer quelques chose, il est mon instrument, mon outil de communication.

Quand je suis modèle, j’exprime une émotion à travers mon corps, qu’il soit nu ou habillé. Mais pour moi, il est plus visible une fois nue, car je n’ai aucun moyen de mettre de barrière physique entre mon public et moi. Je ne le mets plus à distance avec des vêtements (même si le public est choisi, averti et éduqué) La nudité n’est pas nécessairement sexualisée, elle est juste l’instrument de communication dont j’ai besoin pour faire transparaitre mes émotions.

Je souhaite laisser et donner à voir, nous proposer de nous laisser nous-même nous traverser, pour proposer de reconnecter à une simplicité, dans ce rapport au corps simplifié, sans arrière pensée.

Un corps exposé n’est pas neutre… Que veut il exprimer ?

Un corps nu n’est pas neutre, mais une intention posée à travers un corps artistique en mouvement, en tension par exemple, ou passif, dans une expressivité du corps, et qui exprime une émotion ciblée, ne subi pas le message qu’il renvoie. Il l’exprime même inconsciemment.

Il peut être ambigu…

Le corps à voir, l’homme dans son abandon confiant et la femme dans sa puissance sont deux visions antagonistes mais déterministes.

On dit d’un Yin, féminin sacré, qu’il est la créativité et la liberté évoluant sereinement dans un cadre bien définit
On dit d’un Yang, masculin sacré qu’il est un cadre protecteur, qui protège sa créativité et sa liberté.
Le mélange conjoint des deux est libérateur.

Pourquoi des hommes nus ? Parce-que…

Le corps nu masculin me permet de scruter, établir un lien, avec lui et ce qui m’intéresse en lui : Un cadre naturel du corps masculin (le Yang, masculin sacré) qui se meut artistiquement dans un abandon confiant (le Yin, féminin sacré). Il m’est important que le modèle incarne cet état d’esprit, celui de sa multipotentialité d’état (et non de genre), pas forcement exprimé autrement que dans le cadre de la pose en elle-même, d’ailleurs.

La solution de la peur de la chose est la chose en elle-même.

Tu as peur de la nudité ? Pose nu(e).
Tu as peur de te montrer ? Pose nu(e).
Tu as peur de te rendre visible ? Pose nu(e)
Tu as peur de ta posture de femme ? Pose nue.
Tu as peur de montrer ta vulnérabilité en tant que femme ? Pose nue.
Tu as peur de montrer ta vulnérabilité en tant qu’homme ? Pose nu.
Tu as peur de montrer des choses que tu ne contrôle pas ? Pose nu(e)

S’il n’y a pas le désir de contrôle, si on l’abandonne, alors, on obtient la paix.

On aborde la visibilité de soi, dans un état larvaire, dans une mouvance transformatrice.

Je représente…

Des femmes abîmées qui reconstituent leur filtre, leur cadre, dans lequel se mouvoir,

Des hommes qui tentent de s’étendre dans leur divin, dans un abandon confiant.

Simplement, je propose une place à l’homme, je propose une place à la femme. De la transparence du corps, ce qu’il renvoie, ce qu’il véhicule, ce qu’il démasque, ce qu’il offre à voir.

Des corps déchargés de ses missions et de sa charge….

J’ai toujours proposé à ces hommes en expansion, solaires, qui n’ont plus la charge de la virilité spécifiquement, mais qui peuvent la porter si cela leur plaît, de s’exprimer dans le corps et à travers mon travail.

J’ai toujours cherché dans les femmes que je représente, leur puissance solaire. Ces femmes qui n’ont plus la charge de séduction, de l’esthétisme et de la douceur spécifiquement, mais qui peuvent la porter si cela leur plaît.